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 La prophétie Nordique

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Anasthore
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MessageSujet: La prophétie Nordique   La prophétie Nordique EmptyLun 9 Fév 2009 - 16:40

La prophétie Nordique

Prologue


Le monde n’en était qu’à ses débuts, mais déjà l’amour rongeait le cœur des hommes. Il les poussait à la guerre, comme il les enfermait dans la haine.
Ô certes, il y avait du bonheur, mais trop souvent ravagé par la versatilité du genre humain et sa trop forte propension à la colère.
Les Dieux avaient donc déjà infligés aux hommes ce lourd fléau. Mais certains désiraient maintenant se laver de cette maladie qui les avait détruit. C’est dans cet espoir que le sorcier Dunon se réfugia dans la grande forêt qui s’étendait sur toutes les terres du Nord. Une forêt sombre et mystérieuse que personne n’avait jamais osé déranger. La peur des mythes et légendes sans doute. Mais lui n’avait plus peur, il avait bien trop perdu pour s’encombrer d’un sentiment aussi futile.
Dans sa fuite de la civilisation, il avait recueilli trois enfants, une fille et deux garçons. Peut être voulait-il leur apprendre à contrôler leurs sentiments ? La légende ne le disait point. En revanche, elle disait que Dunon interdit l’amour à ceux qu’ils nommaient maintenant ses enfants. Il les éduqua dans cette philosophie.
Puis un jour, la mort survînt et sans essuyer de larmes, comme l’avait demandé leur maitre, les trois enfants se séparèrent. Ils étaient devenus en âge de vivre leur propre vie. Le sorcier leur avait enseigné les rudiments de la chasse et du combat. Mais il leur avait surtout appris à réfléchir sur le monde qui les entourait et c’était là sans nul doute une force dont il leur faisait cadeau.
La fille s’en alla au bord des grandes plaines, mais toujours à l’abri de la cime des arbres. Elle y créa dit-on, le village de Damme. Un village peuplé uniquement de femmes, dont les seuls hommes ne servaient qu’à la reproduction, jusqu’à ce qu’ils soient inaptes et qu’une paisible retraite les attende. Mais la plupart des mâles étaient tués à la naissance et ils devaient répondre à des critères strictes pour prétendre à la vie. Les reproducteurs étaient donc peu nombreux et ne devaient avoir aucun contact avec les femmes, si ce n’est celui de l’accouplement.
L’un des deux jeunes garçons s’installa lui plus profondément dans la forêt, sur les rives mêmes du grand fleuve qui la traversait. Il fonda le village de Trier. Il s’agissait d’un village des plus banals où l’on vivait de pêche et de chasse, sans délaisser l’élevage et les cultures sauvages. Dans les années qui suivirent, ce village entretînt même des relations commerciales avec des peuplades se trouvant dans les plaines. Sa science, aussi bien médicinale que philosophique, le rendait des plus paisible. Chacun vivait selon son bon vouloir, dans le respect de la communauté certes, mais avec une liberté sans égale, si bien qu’un fils de cultivateur pouvait devenir un guérisseur et ce sans aucune difficultés. Au contraire des deux autres villages d’ailleurs, le chef n’était pas d’une lignée spécifique ou issue d’un combat épique, il était élu par ses pairs. Une élection qui d’ailleurs permettait aux femmes de s’exprimer, car elles aussi jouissaient d’une liberté égale aux hommes dans de nombreux domaines, contrairement au troisième village.
Celui-ci se situait au nord de la forêt, dans les cavernes des lointaines montages enneigées. Tout autour de ces hautes montagnes la forêt s’était répandue, formant ainsi une barrière naturelle face au monde extérieur. Mais ce village n’avait rien de paisible: peuplé de barbares et de rustres, la violence était reine mère. Elle régissait les mœurs et déterminait l’ordre hiérarchique de la société. Ici, on occulta l’amour, mais on garda ses conséquences sur les hommes. Nuit et jour, beuveries et bagarres agitaient le village des cavernes du nom de Bordheslom. Ils ne vivaient d’ailleurs que de pillages qu’ils organisaient au début de chaque hiver. Le butin prit sur les villages des plaines permettait de passer l’année dans l’abondance et l’opulence. Le reste de l’année était fait de chasses et d’entrainements au combat, si l’alcool n’avait pas coulé à flot la veille.

Ces trois villages si différents avaient tous voulus répondre à la question de leur précepteur: peut-on vivre sans amour ? Tous dirent oui et tentèrent de le prouver. Mais les années, les décennies avaient passé et plus personne ne contait cette légende sur la création des villages. Les rites et coutumes tenaient toujours une place importante dans ces sociétés, mais personne ne prêtait plus attention au but de leur création. Tous avaient oublié les mots « amour » et « passion ». Ce fléau, cette tristesse intense que beaucoup d’hommes ressentent avait donc disparu au profit d’un bonheur moins fort, mais plus long. Pourtant, rien ne laissait présager que l’ennemi redouté, ce sentiment dévastateur et ennivrant à la fois, ne revienne pas. Car autrefois tous le savaient, il s’insinuait de partout. Mais aujourd’hui, personne n’y prêtait plus attention.


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Anasthore
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MessageSujet: Re: La prophétie Nordique   La prophétie Nordique EmptyLun 9 Fév 2009 - 16:40

Chapitre I



« La chasse est ouverte, hommes de Trier ! » lança le vieux chef, tandis que les jeunes prétendants du village de Trier s’élançaient dans la forêt.
Armés de simples lances avec un embout en silex, les jeunes devaient tuer les cerfs capturés quelques jours plutôt. Ceux qui y parvenaient pourraient accéder au titre de gardien ou de chasseur, selon leur choix. C’était là une coutume ancestrale qui faisait passer les jeunes garçons adolescents à l’état d’adulte.
Ethan, robuste mais mince, était un de ces jeunes. Il désirait devenir gardien du village et ce depuis la mort de ses parents. Ses cheveux blonds et courts fendaient le vent. Il s’enfonçait dans la forêt avec agilité, guettant la moindre trace des cerfs maintenant relâchés. Tout autour de lui, une vingtaine de jeunes étaient à l’affuts. Ils se terraient en silence derrière un bosquet ou dans un arbre, attendant de repérer un cerf. Soudain, une de ces bêtes bondit d’un bosquet pour s’enfuir à vive allure. Ethan le prit en chasse, suivi de près par trois autres prétendants. Son corps vêtu d’un simple haillon, il esquivait les troncs d’arbre couchés sur le sol, les épines des bosquets et tout autant d’obstacles naturels. Mais le cerf était rapide et il s’éloignait de plus en plus. Ethan haletait déjà, mais il était sans doute le coureur le plus rapide du village. Son visage rougit par l’effort, il accéléra encore sa course, laissant derrière lui le reste des poursuivants. Après quelques minutes, il lui sembla être seul. Le cerf n’était plus en vu et un lourd silence régnait sur la forêt. Il s’arrêta silencieusement et se tapit dans l’ombre d’un grand pin. Son corps commença à se refroidir, si bien qu’il lui sembla que l’hiver ne tarderait pas à venir. Malgré son agilité, il n’était parvenu à éviter tous les obstacles et à rattraper le cerf; son torse griffé jusqu‘au sang en témoignait. Maintenant sa poitrine se bombait sous sa forte respiration qu’il essayait de contrôler pour ne pas effrayer son éventuelle proie. Son regard se perdait sur tous les recoins de la forêt quand il entendit le bruit d’un ruisseau. Il s’avança en silence, quand au détour d’un bosquet il aperçut le cerf en train de s’abreuver. Il empoigna fermement sa lance. Il fallait être aussi vif que l’éclair. D’un bond, il ne se retrouva qu’à un mètre de l’animal. Aussitôt il planta sa lance dans le flanc de celui-ci. Un terrible râle secoua les environs. Puis, il s’écroula au sol, le regard vitreux. Sa beauté émue Ethan et il abrégea ses souffrances en tranchant sa gorge avec son petit couteau. Le sang se répandit dans le ruisseau et le teinta de rouge. Ethan semblait attristé par cette chasse et son regard se perdit vaguement dans celui de l‘animal. La mort lui parue belle et triste, enivrante et froide, puissante et sauvage. Il sembla communier avec le cerf quelques minutes, puis s’apprêta à le mettre sur ses épaules. Soudain cinq hommes aux lourdes armures sortirent des bois. Leurs visages étaient bardés de cicatrices, leurs dents, quand elles ne manquaient pas, étaient pourries. Leurs corps massifs et taillés pour la guerre imposaient le respect. A leurs ceintures, de longues épées effilées. Ethan fit un pas de recul, agrippant fermement sa lance. L’un d’eux, le plus fort sans aucun doute, poussa ses camarades et s’avança d’un pas lourd, le sourire jusqu’aux oreilles, harnaché d’une épaisse armure.
« C’est un semi-homme du village de Trier. Il y avait longtemps que je n’en avais plus vus. D’habitude ils se cachent et fuient le combat tels des pourceaux. »
Tous autour du colosse éclatèrent de rires. Puis, un sixième homme, de toute évidence jeune, sortit du bosquet, l’arme au poing. Son visage aussi dur que les autres, les cheveux noirs et tombant sur ses épaules, le regard d’un noir perçant.
Tandis que les autres s’écartaient sur son passage, le colosse s’avança vers Ethan, pataugeant l’eau rougie du ruisseau. Il fit encore quelques pas, quand Ethan tenta de le repousser d’un coup de lance. Mais le guerrier se saisit d’elle fermement et la lui arracha des mains du jeune homme de Trier. Il jeta la lance au loin et s’approcha encore d’Ethan qui le défiait du regard. La crainte l’envahissait et beaucoup auraient fuis, mais lui soutînt le regard plein d’ironie de son adversaire. Celui-ci était si proche qu’Ethan put sentir son haleine putride. Le colosse le saisit alors à la gorge et le souleva du sol avec un large sourire. Ethan se débâtit vivement, mais la main de l’adversaire se resserrait, l’étouffait lentement.
Tous observaient le spectacle quand tout à coup, deux flèches se plantèrent au sol, juste à côté du colosse. Celui-ci lâcha Ethan et d’un mouvement coordonné tous prirent leurs boucliers qu’ils portaient dans le dos. Rond et fait de fer, ils semblaient efficacement protégés derrière lui.
Tout autour du groupe sortirent alors des femmes dont la grâce et la beauté semblaient sans égales. Affublées de longues toges blanches, elles braquaient de puissants arcs sur les guerriers. Dans leurs dos, Ethan put voir deux sabres pour chacune. Jamais il n’avait vu pareil spectacle et jamais on ne lui avait dépeint ces êtres. Il peina à se relever, la gorge encore marquée par la force de l’ennemi. Une femme s’approcha alors de lui, gracieuse et élégante, les cheveux couleurs feux, les yeux verts, le sabre dans la main, elle l’aida à se relever et lui fit faire quelques pas de recul.

« Femelles impudentes ! Vous osez menacer les guerriers du village de Bordheslom ? » pestiféra le colosse, bien cambré derrière son bouclier, une grande hache dans la main.

«Et toi, tu oses lever la main sur un homme de Trier et briser ainsi la trêve éternelle ? » dit une femme aux cheveux grisonnants, mais aux formes et au visage encore appétissant.

« Ces semi-hommes ne méritent pas nôtre respect et celui-ci est à nous ! » dit le colosse en pointant son doigt en direction d’Ethan.

« Si tu ne veux pas précipiter ta mort, fuis maintenant… » dit la dame avec un large sourire.

Sur ces mots, les guerriers s’emportèrent. De toute leur masse ils bondirent sur les femmes se trouvant à proximité. Les flèches fusèrent et le premier sang fut versé. Une femme s’écroula au sol, la tête coupée par une hache. Un des guerriers fut criblé de flèches. Un second en reçut plusieurs, mais de son épée, il continuait de combattre une femme à l’agilité remarquable. Elle esquivait sans même parer de son sabre et avec une dextérité peu commune. Elle ne cessait de planter son sabre dans ce redoutable guerrier. Après quelques coups, il s’écroula au sol en beuglant. Le colosse lui frappait tout autour de lui. Il remarqua du coin de l’œil Ethan et se jeta sur lui tout en se protégeant des flèches avec son bouclier. La femme qui venait de relever Ethan sortit son second sabre. L’adversaire semblait trop puissant. Il frappa à deux reprises, mais ses coups étaient lents, trop lents. Elle esquiva sans peine et lui planta un sabre dans l’estomac. Mais le colosse parut ne pas en être affectée. Les autres femmes semblaient vouloir lui porter secours, mais les trois autres guerriers le protégeaient avec rage. Ethan bondit soudainement sur le colosse, emprunt d’un courage dont il ne connaissait rien. Il l’étranglait avec vigueur, mais le guerrier réussit à l’attraper et à lui mettre un coup de hache, lui tranchant une bonne partie de l’épaule. Là, sa protectrice s’interposa aussitôt et formant un ciseau de ses deux sabres, coupa la tête de son adversaire. Ethan hurla de douleurs, tandis que le guerrier s’écroula sur lui lourdement.
Debout, il ne restait plus que le jeune guerrier. Les femmes l’entouraient, le visage sérieux. Mais curieusement, aucune ne semblait vouloir le tuer. La femme aux cheveux grisonnants s’approcha de lui et Ethan perçut quelques mots avant de tomber dans les pommes.

« Je te laisse la vie sauve, car je connais ton père et il n’aurait jamais toléré ça. Maintenant, vas et dis bien à tous ceux de ton village que ce territoire n’est pas vôtre. »

Le guerrier sembla serein. Il rengaina et repartit dans la forêt en marchant, sans même faire attention à ses compagnons morts au combat. Les femmes entourèrent de soins le jeune qui s’était vaillamment battu. Sa protectrice ne le quitta pas, jusqu’à ce que les gardiens de Trier soient prévenus et viennent le chercher.

Quelques jours plus tard, Ethan parvînt enfin à se lever. Cette agression n’était pas la première, mais elles se répétaient de plus en plus souvent. Le village tînt donc conseil sur la grande place. Ethan s’y dirigea, l’épaule dans un épais bandage, mais recousue. Le médecin lui avait dit qu’elle cicatriserait et qu’avec les pommades prodiguées, tout irait bien, il pourrait de nouveau s’en servir.
Une grande foule s’était assemblée et écoutait le discours du chef de village.

« …Non nous ne devons pas nous laisser ainsi attaquer. Nous devons répliquer ! Il suffit que nos terres soient saccagés, souillés par ces barbares ! Ils ont brisé la trêve qui nous liait à eux. »

Puis soudain, le commandant des gardiens interrompit son élocution, comme il en était coutume lors des débats et discours au sein du village.

« Hélas, bien que je sois de votre avis, je dois immédiatement vous dire que je mettrai mon véto si vous prévoyez une quelconque attaque sur leur village ! Même avec les femmes du village de Damme, jamais nous ne serons assez puissants pour les vaincre. Ils sont de redoutables guerriers et même à deux contre un, nous risquons la défaite. »

« Que faire alors ?! » s’indigna une passante, alors qu’un brouhaha se répandit dans la foule.

Ethan n’avait jamais eu vent de ces différents villages. Leurs histoires, leurs légendes, peu les connaissaient, car personne ne s’en était intéressé jusque là. Il repensa à la puissance des guerriers de Bordheslom et à la rapidité des femmes. Des femmes qui venaient apparemment d’un village nommé Damme. Comment se pouvait-il que jamais personne ne lui ait parlé de ces ravissantes dames et de ces redoutables guerriers ? Sans doute ses aïeux cachaient-ils quelque chose, un secret. C’est-ce qu’il pensa, puisque jamais personne ne lui parla de ces villages.
Puis, soudainement, le chef du village fit signe à Ethan de le rejoindre sur l’estrade, où se tenait le conseil de village devant toute la populace. Les regards se braquèrent sur le blessé et celui-ci fit mine d’hésiter. Les murmures commencèrent à enfler quand il grimpa finalement près du chef.

« Ce jeune adulte, qui sera bientôt un gardien, c’est lui qui a été la victime de ces barbares. Ecoutons-le, lui saura mieux que quiconque ce que nous devons faire, car il les a vu, ce qui n’est le cas que de peu d’entre nous. »

Tous se turent et écoutèrent Ethan qui n’était jusque là qu’un jeune inconnu, dont certains avaient tout de même entendu parlés suite à la mort de ses parents. Timidement, Ethan sembla bégayer et chercher ses mots. Mais après quelques secondes, il réussit à calmer son angoisse.

« Je suis Ethan, jeune gardien ayant participé à la grande chasse aux cerfs. J’ai été la victime de ceux que je nomme aujourd’hui mes ennemis, alors que je venais seulement d’abattre mon cerf. Ils n’étaient que six, mais croyez moi, six guerriers plus redoutables que les meilleurs de nos gardiens. Leurs corps sont puissants et corpulents. Leur force est inhumaine et leurs regards terrifiants. Ils ne semblent vivre que de meurtres et leur détermination au combat, croyez moi, était une preuve de leur puissance sans égale. Si nous y allons, nous risquons la mort à coup sûr. Qui connait leurs territoires ? Personne et même ces femmes dont jamais personne ne m’a parlé ne pourront nous être d’une aide quelconque. Elles sont agiles et rapides, autant que le meilleur coureur d’entre nous. Mais je doute qu’une guerre, ou qu’une bataille ne résolve quoique se soit. Vous voulez les exterminer ? Je dis oui, car j’en suis la victime. Mais sans cette raison, je dirais non, car nos morts seraient trop nombreux et la mission trop hasardeuse. Voilà mon humble opinion. » finit-il par lâcher, avec une mine sérieuse et déterminée.

Soudain, alors que le chef allait reprendre la parole, les regards se tournèrent par-delà la foule.

« Ce jeune homme a raison. Nous ne pourrons vaincre les Bordheslom dans une attaque frontale. Et vous, hommes de Trier, reconnus pour votre sagesse, votre philosophie et vos talents de marchand, je ne vous vois pas combattre ces brutes, autant que je ne comprends pas cette haine soudaine. Vos chefs semblent avoir oubliés la grande prophétie de nos aïeux. En raison de cela, nous, les femmes du village de Damme, nous ne tolèrerons pas une attaque à leur encontre. Mais nous sommes prêtes à vous accompagner sur leurs territoires pour parlementer » dit une voix lointaine mais tout à fait audible.


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MessageSujet: Re: La prophétie Nordique   La prophétie Nordique EmptyLun 9 Fév 2009 - 16:41

De nouveaux murmures s’élevèrent de la foule, tandis que celle-ci se fendit en deux, laissant passer la délégation. Ethan reconnut immédiatement la femme aux cheveux grisonnants et celle qui l’avait sauvé de la mort. Elle était grande, fine, élancée, comme dans son souvenir. Ses cheveux rouges se balançaient sur ses épaules, tandis que ses formes généreuses dissimulaient une musculature efficace et élégante à la fois.
Le chef du village s’avança et tendit la main à la femme aux cheveux grisonnants. Celle-ci la saisie et se hissa sur l’estrade.

« Je suis Eleonor, reine du village de Damme et voici mes gardes du corps, mes meilleurs éléments. Nous allons au village de Bordheslom et si vous êtes d’accord, nous ferons route avec votre délégation. » dit-elle de sa voix assurée et de son regard marron perçant, qui ne laissait transparaitre aucun doute.

Le chef intervînt immédiatement: « Rien n’a encore été décidé, je le crains. Et pour ma part, je ne suis pas favorable à des négociations. Renforcer nos frontières, faire des patrouilles, oui. Nous soumettre, non. »

Sans que la foule ne puisse réagir, le regard sévère de la reine se posa sur le chef du village.

« Je crois que vous ne saisissez pas. Les Bordheslom ne sont pas des hommes que vous pouvez combattre. Votre village est fait de fermiers, de chasseurs et de marchands. Aucun n’est taillé pour la guerre. Si les Bordheslom vous attaquent, ils vous pilleront et vous ne passerez pas l’hiver, si vous survivez déjà à leurs lames.
La négociation n’est pas une alternative, elle s’impose à vous bien plus encore qu’à nous » finit-elle par lâcher sur un air hautain.

La foule n’osa pas réagir, tellement elle semblait forte et sûre d’elle. Mais le commandant se montra offusqué et rétorqua sans attendre.

« Qu’est-ce qui vous autorise à nous insulter ainsi ? Nous pouvons former des combattants qui rivaliseront sans aucun mal avec les vôtres et ceux des Bordheslom. Mais nous ne sommes pas animés par les querelles et la guerre, nous ! »

La reine sourit et descendit de l’estrade. Elle fendit alors de nouveau la foule, suivi de près par sa délégation. Puis, elle se retourna lentement, le regard terrifiant de noirceur.

« Avec nous vous aviez un poids dans les négociations. Seuls, vous êtes perdus. Nous camperons non loin de votre village, en attendant votre décision. Nous partirons au petit matin. » Sur ces mots, la troupe sortit de Trier.

Ethan semblait fasciné par ces êtres si gracieux et ténébreux à la fois, autant que la foule d’ailleurs, qui ne savait plus qui croire. Mais les dirigeants ne souhaitaient pas perdre la face. Ils voulaient se montrer forts.

« C’est décidé. Nous enverrons une délégation dirigé par notre Commandant. Il prendra avec lui Ethan, puisque il a été la dernière victime des Bordhesloms. Mais nous allons aussi créer une troupe d’élite, parmi les meilleurs gardiens, afin que nos défenses soient sûres et puissantes. Il ne sera plus toléré d’agressions sur nos terres. » conclut le chef, sans même s’enquérir de l’avis du peuple ou des autres membres du conseil.

La foule se dispersa et le Commandant, un vieil homme chauve et rabougri aux vêtements trop larges pour lui, s’approcha d’Ethan.

« Tu viens avec moi, mais tu ne diras aucun mot. Contente toi d’observer, ce sera déjà pas mal » lui beugla-t-il dans les oreilles.

Ethan lui ne semblait pas l’écouter. Il repensait aux propos de la reine. Quelle prophétie ? Personne ne voulait donc rien lui dire à propos de tout cela ? Ou personne ne savait-il rien ?
Il continuait de penser, tout en se dirigeant vers la forge du village. Son nouveau statut de gardien, officialisé dans peu de temps, lui ouvrait droit au port d’arme. Il avait commandé cette dernière depuis des semaines déjà. Il désirait une épée. Une longue épée aux tranchants effilés et au pommeau bien particulier. Il l’avait fait incrusté et rubis et bijoux de ses aïeux. Elle serait maintenant son courroux face à ses adversaires.
Mais ses pensées ne cessaient de s’orienter sur cette mission et cette dame aux cheveux rouges. Les deux le fascinait. Il ne connaissait rien encore, mais il sentait en lui une nécessité d’apprendre. Depuis toujours et ce bien avant la mort de ses parents, il pensait que son destin était celui d’un être exceptionnel. Comment pouvait-il en être autrement ? Pourquoi l’aurait-on amené lui sur cette terre si ce n’était pas pour une mission divine ? Ô beaucoup auraient pris cela pour de la prétention, mais en réalité, il s’agissait plus de sa place dans un vaste monde et la grandeur de son destin qu’autre chose. Il aspirait à la gloire et à des combats épiques. Il s’en sentait le courage et son affrontement avec le Bordheslom l’avait démontré. Mais il ne pouvait rien apprendre dans ce village de pêcheurs et d’éleveurs. Aucun n’était digne de ses ambitions et il fallait pourtant s’en contenter. Il lui sembla que jamais il ne pourrait rivaliser avec les guerriers et guerrières des autres villages, ce qui le plongea dans une profonde affliction. « Tout s’apprend » pensa-t-il.
La mort l’intriguait bien assez pour le pousser à combattre et s’il fallait qu’il meurt dans la bataille, sa gloire n’en serait que plus grande. Ces pensées continuèrent ainsi à débattre entre elles de l’avenir que les Dieux lui réservaient, quand il entra dans la forge. Le maitre des lieux l’y attendait le sourire aux lèvres. Il n’eut même pas à parlé et les deux se comprirent d’un regard complice quand le forgeron lui tendit l’épée. Elle était majestueuse. Les rubis incrustés brillaient de mille éclats et la lame, grande et puissante, semblait bien lourde au bras d’Ethan. Il eut d’ailleurs du mal à la maintenir en l’air au bout de quelques secondes. Mais il ne s’inquiéta pas de ce « léger » problème; après tout, la force lui viendrait en la maniant. Sans plus de mots, le forgeron s’en retourna à son travail et Ethan sortit lui aussi. Cette épée achetée quelques semaines plutôt était une aubaine pour le voyage qui s’annonçait. Il la mit alors à sa ceinture et se dirigea vers une petite auberge au nom farfelu: « au soleil levant ».
L’intérieur était très spartiate et il s’en dégageait une odeur nauséabonde d’alcool et de vomis. Le tenancier mettait du bois dans la cheminée lorsque Ethan releva une chaise couchée au sol et une table renversée. De toute évidence, les Bordhesloms n’étaient pas les seuls à ripailler. Seul avec le tenancier, celui-ci vînt lui faire la conversation en lui apportant une cervoise.

« Sont-ils vraiment si terribles que cela les Bordheslom ? » interrogea l’homme aux grands yeux naïfs et à la bedaine bien portante.

Ethan hocha la tête d’agacement, avant de répondre plus cordialement: « ils sont pires que ce que tu imagines. Leurs armures sont lourdes et épaisses, leurs armes plus lourdes et puissantes que les griffes d’un ours et leurs visages bien plus effrayants que les monstres de nos légendes. »

Le tenancier sembla songeur avant qu’Ethan ne poursuive: « mais ne t’en fais pas, ils saignent comme nous autres et par ma foi ils trépasseront sous les coups de mon épée. »

L’aubergiste éclata de rires. Mais le regard arrogant et sévère d’Ethan le fit taire.

« Tu penses pouvoir combattre ces bêtes ? » demanda-t-il, le sourire moqueur.

« Les combattre ? Les battre. Je ne suis pas un lâche. Je ne fuirai pas le combat comme tant d’entre nous le font. C’est pour cela que notre village est la proie de ces barbares. Nous ne sommes que fuite et lâcheté. »

« Le combat est l’arme favorite des faibles disent nos penseurs. »

« Ils disent cela pour ne pas avoir à le faire, parce qu’ils se débrouillent mieux avec leurs mots qu’avec leurs épées. Mais de tout temps, celui qui sait se battre domine et celui qui sait penser obéit. Nos penseurs affirment que penser c’est être libre, que réfléchir c’est être supérieur. Mais en réalité, c’est faux. Les forts nous réduiront en esclavages et leurs belles métaphores s’envoleront sous les coups de fouets, car être libre mentalement ne vaudra jamais la liberté physique. A quoi bon pouvoir penser ce que l’on veut, si on ne peut mettre ces pensées, ces envies en application par manque de force ? »

Le tenancier sembla ne pas tout comprendre. Il se releva, donna des claques amicales dans le dos d’Ethan et retourna derrière sa banque nettoyer les verres.

Ethan savait que les penseurs de son village n’étaient pas ignares, qu’ils savaient tout cela, mais alors pourquoi ne disaient-ils pas la vérité ? Était-ce pour rassurer les faibles gens ? Ou le pensaient-ils vraiment ? Peut être avaient-ils une autre vérité à prodiguer, un autre niveau de conscience à enseigner ?
Il chassa rapidement toutes ces tristes pensées de son esprit et bu sa cervoise en prenant soin de lécher la mousse qui s’était déposée sur ses babines.
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