Je m'éveillais en ce monde qui semblait rayonnant de lumière. Tout était
blanc et tous les gens autour de moi renvoyaient ce halo pâle et froid.
J'étais comme aveuglé. A cette époque là , pas un mot, pas un cri ne
sortit de ma bouche. J'étais comme effrayé. Je ne savais pas qui
j'étais, d'où je venais, qui étaient ces ombres blanches et par quelle
miracle elles pouvaient bouger. Ce fut un instant d'horreur vécu et
gravé dans mon esprit, mais un moment de bonheur pour ce qui semblaient
être mes géniteurs. J'entendis des murmures, puis des voix. Dans ces
voix, des syllabes, et dans la répétition de leur voix, je pus discerner
un nom qui me sera inculqué jusqu'à la fin de mes jours: Philippe.
Alors qu'une femme me rassurait de mon épopée, mes yeux étaient rivés
vers la baie vitrée où se trouvaient maintenant de l'autre coté mes
parents qui semblaient déboussolés. Pendant que ma mère ne cessait de
pleurer et mon père de la consoler, l'homme en blanc n'arretait point de
parler. Leur regard se dirigèrent vers ma personne en pleine santé et
je pus sentir à travers le cordon qui devait nous relier, une profonde
peine, dure à épprouver.
Les quelques jours qui se suivirent laissait place a un grand silence
froid et lourd dans le coeur de chacun. Un grand nombre de personnes
étaient réunies et tous allèrent dans un grand champs, orné de pierre
avec en son milieu, un drapeau francais, flottant au dessus des plaques
froides que recouvraient le temps.
Ma mère m'expliqua que ceci était les adieux pour une personne qui se
trouvait loin, mais encore présente et chère a tous les gens de la
famille. Quand je lui demandai de qui il s'agissait, elle s'abaissa a ma
hauteur et me dit en me regardant au plus profond de moi, les larmes
aux yeux, qu'il avait été une personne très proche de moi-même. Une
personne très importante qui aurait pu être comme un frère à mon égard. A
ce moment là, je sentis comme un vide au plus profond de mes
entrailles. Je ressentis un profond trouble et des larmes me venaient au
fur et à mesure à force de penser à cette personne que je ne pourrai à
jamais rencontrer. Aucun souvenir de cette personne... Tout ce que je
pus savoir à propos d'elle, ce fut le nom gravé sur le marbre de la
pierre tombale: Eric.
