EPOPEE D'UN CRABE
- Citation :
- NDM (note du moche)
Cette histoire se passe dans un monde futur,
Où forêts, animaux, ont déjà disparu,
Où crèvent démocrates, où règnent dictatures,
Où dominent officiers en maîtres absolus … ----31 mai 2459, 256è année Lunaire, Signe Astrologique : Cheval, année de découverte---
CHAPITRE XXI
[…] Moi, Joe John « Ratatouille » Crabillito, Capitaine de l’Escouade « Alpha Alpha Bam-TchikiBrwa » Royale des Pachygrapsus, suis le seul officier gradé survivant de la Grande Révolution. J’ai réussi à m’échapper de la capitale, au péril de ma vie, durant la bataille. Je traverse actuellement la Grande Passe, longeant les côtes Grecques humaines. Ce territoire est, heureusement pour moi, neutre. Les autres crabes n’auront jamais le droit de me ramener à leur abjecte nouvelle République.
Après tout, est-ce ma faute à moi, si le Roi augmentaient sans cesse les impôts sur les algues et carapaces, sans que cela m’atteigne ? Non, je n’ai que fait prélever ces taxes avec plus ou moins d’usage de la force, pour le bien de notre cité !
Ces crabes révolutionnaires pourraient même transgresser les lois inter-océaniques et venir me chercher ici, dans ce territoire. Je dois trouver une cachette. Le problème de la Grande Passe pour les cachettes, c’est que c’est tout plat de partout. Pas une seule colline recouverte d’algues, pas un trou, pas une stalagmite. On pourrait croire que ce territoire a été travaillé, nivelé, organisé par des humains … Mais cette idée est tellement absurde ; nous sommes à 2800 de leurs kilomètres, de fond, alors que leurs sous-marins les plus performants atteignent à peine 2200 kilomètres.
Les paysages changent, les animaux se font plus rares. Seules quelques raies géantes « survolent » ces contrées. Je n’avais jamais visité cette région. Je sors mon Holomap (carte holographique ayant dans sa base de donnée celle de tous les océans) et me rends compte que j’arrive aux limites des territoires connus, si je me cache au delà, ces irrespectueux rebelles ne me retrouveront jamais. C’est ma seule chance. Je m’y engage. Les raies aussi.
Un dernier regard oublie a jamais mon défunt royaume.
Depuis plus de cinq heures maintenant, je traverse ce territoire désertique, sans aucune forme. Soudain, tout au loin là bas apparaît l’ombre d’une ville, apparemment humaine. Comment a elle bien pu être engloutie ?
Autant, leurs bateaux coulés sont monnaie courante, mais je n’ai jamais vu d’épaves de la sorte.
Je m’y aventure, sur de trouver une quelconque cachette. Cette ville est à première vue beaucoup plus avancée technologiquement que les autres villes humaines. L’architecture est particulière, très ronde, contrairement aux buildings carrés des habitants de la surface. Je fouille la ville de fond en comble. C’est la première fois que je vois des structures si développées côtoyer algues, mousses et rouille. Mais le temps me fait défaut pour admirer cet étrange spectale.
Je me précipite dans le bâtiment qui semble le plus important. C’est la bibliothèque. Je m’enfonce dans un de ses rayons et me précipite derrière une rangée de livres entourés d’algues. Par mégarde, dans ma précipitation, j’appuie sur un bouton enfoui sous la mousse.
Un hologramme apparaît, et un homme se met à raconter l’histoire de son peuple :
A l’aube des heureux jours printaniers, où, jadis,
Bourgeonnaient les platanes, gazouillaient les oiseaux,
S’offrait à notre vue, un surprenant supplice ;
Foret d’immeubles gris, bien étrange fléau.
Les routes de béton, recouvertes de terre,
Accueillaient elles aussi, un théâtre abhorré ;
Ballade automatique d'hommes à l'allure austère,
Et la valse sinistre d’engins robotisés.
Cette armée de béton, d'essence et de fumée,
A en un jour meurtrie l'âme même du monde,
Et la pédale de la croissance enclenchée,
La terre devint donc, de constructions, féconde.
L'extravagance humaine, bien étrange engrenage,
A ruiné à jamais l'héritage paternel,
Et ce beau chevalier, érotique nuage
Est la dernière trace, patrimoine éternel.
Humanité pourrie, société pervertie ;
L'Homme s'aime lui même, il abat son prochain,
Juste aux pieds de Crésus, crève le sans abris,
Et chacun dans ce monde craint pour son lendemain.
Loin du tapage urbain, du vacarme des foules,
Dans une plaine aride, croupissait un vieux fou,
Porté par une dense et monotone houle,
Il se laissait bercer par ce pesant remous.
Portant la toge blanche, maculée de terre sang,
Il regardait le ciel, ses yeux à demi clos,
Et suppliait un dieu, d’apaiser ses tourments,
De recréer l’Eden, transformer ce tombeau.
Deux larmes s’écoulèrent le long de son visage,
Et la haine montait de son cœur à ses yeux,
Ses yeux qui a présent menaçaient les nuages
Nuages insalubres, négligence des dieux.
Quand la nuit eut chassé l’oppressante clarté,
Et les souffles divins eurent fané la Terre,
Le vieux fou s’éleva, d’un ton désespéré
Cria à l'architecte suprême, sa colère :
«Seigneur,
Toi, qui d’en haut domine et le temps et l’espace,
Admire désormais, vestiges ou simples traces,
D’un passé prodigieux, Paradis oublié,
Seigneur, pourquoi seigneur ? Que donc s’est il passé ?
Où sont passés les arbres, où sont passés les fleurs ?
Où logent les étoiles, où dort l’océan bleu ?
Où papillonnent, chantent les oiseaux, Seigneur ?
Serait ce toi mon dieu, s’en allant peu à peu ?
Quelle est cette forêt qui tout la bas grisonne ?
Quel est cet ange noir qui traverse le ciel ?
Quel est ce sortilège qui fait qu’la Terre résonne ?
Que font ces matadors, qui affrontent la grêle ?
Ce sont les Hommes, Seigneur, c’est l’Homme.
Regarde ces humains, aime leur décadence,
Qu’ils appellent progrès, qui se nomme déclin !
Ah, tu les as ratés, plus que tu ne le pense !
Ce sont tes Hommes, Seigneur, c’est l’Homme.
Et tes propres enfants, que tu as fait machines,
Ne dessinent des chiens, des loups, des écureuils,
A défaut de modèles, comme ils les imaginent !
Quels pauvres Hommes, Seigneur, c’est l’Homme.
Et tel Agamemnon, abandonnant sa fille,
Tu négliges ta Terre, qui un jour fut ta reine,
Et d’un manteau blafard, désormais tu l’habilles …
Ce n’est plus Hommes, Seigneur, ce n’est pas l’Homme …
Ta création sublime, emportée par l’orgueil,
A fait de Babylone, un éternel cercueil !
Tes Hommes, Seigneurs, encore tes Hommes !
Non, plus aucuns stigmates, des terres ancestrales,
Mais un croquis réel du royaume infernal.
Le diable, seigneur, le diable est en vos Hommes !
Admire au fond de toi la déchéance humaine,
Repousser l’échéance n’est qu’une affaire vaine !
C’est vous, Seigneur, vous et vos Hommes !»
…
et le silence au coude de la nuit emporta une journée banale au royaume des crabes.
L'histoire se finissait sur le déchainement soudain de la nature sur cette île paradisiaque renfermant un enfer technologique.
L'hologramme disparu comme si des vagues divine avait décidées d'emporter a jamais un sinistre rêve.
Captain Joe John « Ratatouille » Crabillito : Mémoires d’un Pachygrapsus Marmoratus
Par koxou et moi
Désolé, à la base c'est pour le forum officiel en vue d'un concours, donc certaines balises ne rentrent pas ici